L’histoire de la Kloosterkerk remonte aux alentours de 1400. En 1393, le terrain sur lequel est construit l’église actuelle, fut offert par le Comte Albrecht van Beieren (Comte de Hollande, Zeeland en Henegouwen) au cloître St. Andries d’Amsterdam pour y construire un cloître. Ces-derniers vendirent cependant les terres en 1394 à monsieur van Arkel qui y fit batir un château. En ce temps on trouvait divers châteaux dans les environs. Vers la fin du 14ème siècle, ceux-ci étaient cependant tous détruits. En 1401, un conflit opposa monsieur van Arkel et le Comte Albrecht van Beieren. Ce dernier fit saisir la totalité des biens de monsieur van Arkel, entre autre son château qui fut entièrement détruit. Les terres furent données aux moines Dominicains d‘Utrecht, qui y construisirent un cloître. Les liens privilégiés entre Margaretha van Kleef, épouse du Comte Albrecht Beieren, et cet ordre a été important pour l’attribution. Margaretha van Kleef fut enterrée dans la Kloosterkerk.

En 1420 le cloître fut touché par un incendie important. Le fait que les Etats de Hollande y conservèrent leurs documents durant des dizaines d’années témoigne de la grandeur originelle de ce bâtiment. L’église était à cette période beaucoup plus petite qu’elle ne l’est maintenant. 140 ans environ après la construction (vers 1540), l’église fut agrandie.

L’église et le cloître étaient utilisés de façon intensive jusqu’à la fin du 16ème siècle. Avec l’arrivée de la Réforme, des temps difficiles s’annoncèrent pour les moines. Durant la révolte calviniste du 25 août 1566, de nombreux pillages et destructions obligèrent les moines à fuir. Le cloître fut ensuite pendant quelques années occupé par quelques moines, qui partir définitivement en 1574. Les Gueux occupaient alors la ville.

En 1576, le cloître fut loué par les Etats de Hollande au magistrat de La Haye. Ils le mettaient à la disposition du “St. Nicolaas Gasthuis”, sans pour autant renoncer aux droits de propriété. En 1583, le cloître fut en grande partie démoli. Durant 12 années, l’église resta vide et tomba en ruine. On songea même à démolir l’église, mais grâce à une lettre du Conseil municipal, cela fut évité. En 1588, une compagnie de cavaliers cherchait abri et arriva dans l’ancienne église. L’église devint une écurie. Mais le pire restait à venir…en 1589, l’église et le choeur furent aménagés en arsenal pour les Etats de Hollande et West-Friesland. Le choeur fut utilisé comme fonderie et l’église servait de dépôt pour les munitions. On batit un mur entre l’église et le choeur. La porte (toujours existante) à droite de l‘église donnait accès à la fonderie. Ce n’est qu’en 1665 que fut construit un nouvel arsenal à la sortie de La Haye. Le 3 novembre 1690, les munitions se trouvant entreposées dans l’église explosèrent. Seul un mur du cloître resta indemne. Ce mur existe encore de nos jours et se trouve dans le nouveau bâtiment de la Cour des Comptes (“Algemene Rekenkamer”). Dès 1617, une partie du bâtiment fut à nouveau utilisée comme église suite à une action d’occupation des lieux réussie de la part des contre-remonstrants. En 1625, le prince Frederik Hendrik se marie avec Amalia van Sloms dans la Kloosterkerk. Après son couronnement comme roi d’Angleterre, le prince Guillaume III se rendit en 1691 à la Kloosterkerk. Vers 1800, quand les armées françaises entrèrent dans La Haye, il se passait tout autre chose entre les murs de l’église : un comité fut mis sur pied afin de remplacer la famille du gouverneur (“stadhouder”) partie en Angleterre.

A partir du 17ème siècle, les enterrements purent à nouveau trouver place dans l’église; cela rapporta de l’argent à l’église, ainsi que de nombreux écussons. Les murs et les colonnes en furent en grande partie recouverts. Le choeur en particulier fut utilisé pour les enterrements. Des cercueils en plomb avec des corps embaumés furent exumés. L’un de ces cercueils est certainement celui de la fondatrice du cloître, Margaretha van Kleef.

La reine Wilhelmina, alors âgée de 16 ans, participa en 1896 pour la première fois à la Cène. Un jour auparavant, elle avait été confirmée comme membre de l’Eglise Réformée au palais Noordeinde.

Après la seconde guerre mondiale, l’église connut un nouveau départ. La mairie de Duinoord fut obligée de partir à la recherche d’un autre bâtiment : leur église avait été détruite par les allemands. Une reconstruction s’avèra impossible et la mairie s’y installa définitivement. Entre 1952 et 1957, l’église fut considérablement rénovée, et une grande partie du mobilier de la Duinoordkerk fut transporté dans la Kloosterkerk : la magnifique chaire de la fin du 17ème siècle, l’autel ainsi que la grande mosaïque trouvèrent ainsi une nouvelle destination. En 1957, le mur entre l’église et le choeur rénové fut détruit et la crypte fut restaurée. Un nouvel orgue manquait comme touche finale à cette restauration : en 1966, l’orgue créée par Marcussen fut utilisée.

Beaucoup de stèles et d’écussons ont disparu de l’église au fil du temps. Lors de la dernière restauration, quelques pierres furent restaurées et de nouvelles rajoutées.

Dans l’église se trouve une plaque commémorative pour Jacob Cats. Cette plaque marque l’endroit où cet homme d’état et poète fut enterré le 17 décembre 1660. Daniel Gabriel Fahrenheit (1686-1736) est également enterré dans la Kloosterkerk. Ce Polonais est mondialement connu comme l’inventeur du thermomètre à mercure. Il décéda à La Haye. En 2002, une plaque commémorative en bronze fut inaugurée par l’ambassadeur Polonais.

Actuellement, la Kloosterkerk est utilisée par la communauté protestante, très active. Chaque dernier dimanche du mois, un service de cantates est célébré avec la collaboration du “Residentie Backorkest” et du “Residentie Kamerkoor” ou le “Residentie Bachkoor”. Les solistes, la chorale et l’orchestre sont sous la direction de Jos Vermunt. Chaque premier, troisième et éventuellement cinquième mercredi du mois, un concert est organisé par la Fondation Centre artistique Kloosterkerk (“Stichting Kunstcentrum Kloostkerk”), concert se déroulant à l’heure du déjeuner.

Avec nos remerciements à Cécile Docter, Reeuwijk